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Ville cosmopolite et multiculturelle dés son origine, Venise eut la capacité de faire cohabiter dans l’acceptation réciproque plusieurs représentants de peuples aux mœurs et cultes divers, et elle les a considérés une source d’enrichissement pour son propre patrimoine économique, politique et cultural.
Les foresti, – ainsi étaient dénommés les étrangers qui se rendaient à Venise pour des périodes courtes ou pour y habiter définitivement – étaient accueillis, faite abstraction de leur classe sociale ou de leur croyance religieuse. Ainsi ils prenaient part à la vie active de la ville à tous les niveaux. Les influences réciproques entre les différentes cultures qui étaient contemporainement présentes à Venise sont évidentes dans plusieurs composantes et secteurs de la vie de la ville.
Nous en citons quelques-uns:
Ces ‘sculptures extérieures’ sont faciles à cataloguer. Certaines d’entre elles représentaient le lieu d’origine ou le genre commercial du commettant.L’interprétation des patere veneto-byzantines est plus complexe, car les dessins représentent des animaux fantastiques ou des figures anthropomorphes.
Celle qui est encadrée sur le mur du Palais Gritti-Badoer , reliée au-dessus de la pentafora gotique du premier étage, représente un paon avec la queue ouverte. On attribuait au paon une caractéristique très particulière, c’est-à-dire l’incorruptibilité de la chair. Pour cette raison le paon, dans l’art byzantin, est devenu le symbole de l’immortalité et de la Résurrection. Les patere figurant des animaux au combat se réfèrent symboliquement à la lutte éternelle entre le bien et le mal ; quand les animaux sont en train de boire, ils symbolisent le désir de connaissance, tandis que quand ils sont en train de manger le raisin, ils représentent l’abondance et le bien ; ceux qui s’embrassent, l’amour et la concorde.
Les graffitis
La Chaire de Saint-Pierre
Dans la nef droite de San Pietro di castello, qui a été la Cathédrale de Venise jusqu’en 1807, on a conservé la célèbre Chaire de Saint-Pierre, attribuée à Saint-Pierre Antiochien (siècles XI-XII). Selon la tradition, la Chaire fut un don de Michel III, impereur d’Orient (842-867). Son dossier consiste en une stèle sur laquelle sont inscrits des sujets décoratifs arabes et des versets du Coran.
Dans la cuisine:
Dans l’art de la cuisine aussi on retrouve l’ouverture et la disponibilité à l’accueillance et au pragmatisme des Vénitiens. « Si lui, l’étranger, le mange alors moi aussi je peux l’essayer ».
À Venise vivaient de façon stable les communautés du monde entier: ce n’est pas un hasard si on trouve certaines recettes de plats vénitiens compatibles avec les règles alimentaires hébraïques et islamiques. Les techniques pour abattre les animaux étaient cohérentes avec les interdits de certaines cultures religieuses, ainsi qu’il paraît semblable que Venise fut théâtre de l’introduction du canard et de la dinde, en substitution de la viande de porc. Les luganeghe, un genre de saucisson qui accompagne souvent les plats de riz, pouvaient être confectionnées avec la viande de veau.
Le baccalà (321), certainement importé de la Mer du Nord par le vénitien Piero Querini, qui arriva aux îles Lofoten (moitié du XV siècle), est l’ingrédient principal d’un des plats les plus typiques et savoureux de la cuisine vénitienne, le baccalà mantecato.L’usage des épices (et du goût aigre-doux très diffus) est présent dans certains plats de poisson, comme les sarde in saor. Ce plat très renommé était aussi utilisé pendant les longues périodes de navigation, vu sa possibilité de conservation et la présence de vitamines utiles pour la cure du scorbut.
Célèbre dans l’histoire de ces voyages est le Million de Marco Polo. Il est difficile de comprendre pourquoi suite à tous ces voyages et séjours en Asie, les Vénitiens n’ont pas emporté (à part les épices et les pâtes) certaines connaissances scientifiques et technologiques (papier, poudre, compas, etc.). Apparamment personne ne s’est arrêté à réfléchir sur certaines coïncidences : la nage à la vénitienne est caractérisée par la position du vogatore qui pousse le petit bateau avec un seul aviron appuyé sur une base Forcola); la posture est debout et les bateaux ont le fond plat, ce qui ressemble beaucoup au sandal utilisé par les chinois pour traverser leurs lagunes.
En Europe, depuis le début du XIV siècle, on ne connaissait que deux genres d’arcs : l’arc en plein cintre et l’arc en tiers-point. À Venise, comme le certifie le plan prospectif de Jacopo Barbari (1500), la majorité des ponts était encore en bois. Ils étaient construits avec des tables (toletta) qui, n’ayant pas de gradins, permettaient le passage à cheval. Seule exception était le Pont de Rialto, au développement horizontal, tel qu’on peut le voir sur le telèro de Vittore Carpaccio ‘Le miracle de la Croix’ (Miracolo della reliquia della Croce al ponte di Rialto). En observant les ponts de Venise, sans gradins comme ils étaient à l’origine, on retrouve l’extrême élégance et légèreté typique des ponts de l’architecture chinoise. Il est possible que Marco Polo ait emmené, à son retour de l’Orient, quelque "Proto" chinois ou même, tout simplement, les dessins et les techniques de construction orientales.
Dans les soins de beauté:
Les tissus précieux, les ornements, les bijoux, les parfums, les soins de beauté et peut être aussi les coiffures des dames de Venise, sont de provenance clairement orientale. Entre autres, la célèbre couleur de cheveux, le rouge vénitien était obtenu par l’exposition au soleil de la chevelure, sur laquelle on passait un liquide (acide) éclaircissant. Pendant ce traitement, le visage restait couvert grâce à un appareil qui s’appelait solana.
Franco Filippi
1500 - - rev. 0.1.25