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Au XV siècle, après sept siècles de vie, la Sérénissime est au maximum de son expansion territoriale. Aucun état européen pouvait, à ce temps-là, vanter une période de continuité aussi longue.
Un système politique efficace, une certaine stabilité et les richesses qui avaient été accumulées contribuaient au même temps à la naissance du mythe de Venise, faisant de cette ville un point de référence et modèle pour le monde entier.
Contrairement à ce qui arrivait dans d’autres pays, la Sérénissime était particulièrement ouverte à la rencontre des philosophies religieuses, seule condition qu’elles ne soient pas de menace à la sécurité de la République.
Les premiers imprimeurs qui arrivèrent à Venise étaient d’origine allemande; firent suite les Français, les Hollandais, les Suisses, de nombreux italiens, et finalement les gens de Candie et Istrie.
À Rome, le Pape Paul II avait fait fermer l’Académie de Pomponio Leto, accusé de conspiration et sentiment non religieux. Il est peut-être pour cette raison que Venise hébergea un groupe d'"humanistes réformistes", parmi lesquels on retrouve les noms d’Aldo Manuce , Marc’Antonio Sabellico, Francesco Colonna
À Venise la liberté de presse était garantie et encouragée, en raison du fait que sa diffusion avait contribué à créer une certaine richesse .
L’édition vénitienne cherchait à collaborer de plus en plus avec les imprimeurs, et stimulait leur intérêt pour l’expérimentation au point où le Sénat, en 1537, punit les éditeurs qui utilisaient du papier de mauvaise qualité.
Certains auteurs avaient trouvé à Venise non seulement la possibilité de publier, mais surtout des structures pouvant les accueillir et aussi une ample disponibilité aux débats et aux échanges d’expériences.
Vers la fin du XV siècle (1488) Venise comptait presque 200 imprimeries. La production était haute: il ne suffit que de penser que l’éditeur Aldo Manuce eût imprimé 157 titres, entre l’an 1494 et le 1515, avec un tirage élevé (plus de 1000 copies, l’impression étant faite à main). Dans les années comprises entre le 1495 et le 1501 seule Venise avait produit environ 447 volumes, un quart de la production européenne.
Le 18 septembre 1469 l’imprimerie fut officiellement définie un Art par la ville et plus précisément par le Sénat qui reconnut à Giovanni da Spira le fait de l’avoir introduite et développée au sein de la ville.
Cependant l’Ordre n’avait pas encore été crée; la Mariegola de l’art des Libreri e Stampadori fut ratifiée le 14 mai 1567.
Le premier typographe vénitien fut, en 1472, Filippo di Pietro.
Pour ce qui concerne le lieu où se trouvait l’école des "Libreri e Stampadori", nous savons que le groupe se réunissat régulièrement dans les locaux du couvent des Pères Dominicains dédié aux Saints Jean et Paul.
L’autel en bois qui se trouvait au début de la nef droite de l’église, et qui était probablement devenu l’autel de l’École des Libreri e Stampadori, fut détruit par un incendie. Il fut substitué par une peinture (pala) de Giovanni Bellini, qui fut brûlé par un deuxième incendie en 1867.
Aujourd’hui il nous reste une copie où l’on voit la Vierge assise sur le trône au-dessous duquel sont assis trois enfants en train de lire un livre.
Le climat culturel qui entourait les imprimeurs était celui d’une ville ouverte à toutes les pensées et tendances, qui étaient assimilées et ensuite transformées.
Il n’eut jamais une vraie université dans la ville, mais plutôt des centres culturels actifs, comme le cercle de Giovanni Lascaris, étudiant de littérature grecque, les Écoles de Rialto et de Saint-Marc, réservées aux nobles, où se tenaient des leçons de philosophie morale et rhétorique.
La deuxième d’entre elles fut fondée en 1408, et eut des enseignants du niveau de Giorgio Merula, Giorgio Valla et Giorgio da Trebisonda. Elle fut fermée le 31 mars 1485, suite à un incendie; les nombreux volumes furent sauvés et emmenés à Ferrara.
Aujourd’hui ils sont conservés auprès de la Bibliothèque Estense.
Dans les locaux de l’église de Saint-Jean l’Aumônier (San Giovanni Elemosinario) on tenait des leçons de logique, de philosophie naturelle et de mathématique. L’humaniste Ermolao acréa, en 1484, le long des
Le climat culturel qui entourait les imprimeurs était celui d’une ville ouverte à toutes les pensées et tendances, qui étaient assimilées et ensuite transformées.
Il n’eut jamais une vraie université dans la ville, mais plutôt des centres culturels actifs, comme le cercle de Giovanni Lascaris, étudiant de littérature grecque, les Écoles de Rialto et de Saint-Marc, réservées aux nobles, où se tenaient des leçons de philosophie morale et rhétorique.
La deuxième d’entre elles fut fondée en 1408, et eut des enseignants du niveau de Giorgio Merula, Giorgio Valla et Giorgio da Trebisonda. Elle fut fermée le 31 mars 1485, suite à un incendie; les nombreux volumes furent sauvés et emmenés à Ferrara.
Aujourd’hui ils sont conservés auprès de la Bibliothèque Estense.
Dans les locaux de l’église de Saint-Jean l’Aumônier (San Giovanni Elemosinario) on tenait des leçons de logique, de philosophie naturelle et de mathématique. L’humaniste Ermolao acréa, en 1484, le long des Fondamenta de Saint-Jean (San Giovanni alla Giudecca, une académie de philosophie aristotélique, qui eut lieu dans le palais de famille. Plusieurs centres, ouverts aux intellectuels, disposaient de magnifiques bibliothèques et se trouvaient auprès des couvents et des églises comme celles des Saints Jean et Paul, des Frari, de Saint-Stéphane (Santo Stefano), de Saint-François de la Vigne, de Saint-Michel à l'île, de Saint-Antoine de Castello).
D’autres bibliothèques privées présentes en ville étaient celle du
D’autres bibliothèques privées présentes en ville étaient celle du Cardinal Bessarion, qui consistait en 482 manuscrits grecs et 246 latins et qui fut offerte en don à Venise en mai 1468, et aussi celles de Francesco et Ermolao Barbaro, de Cosme de Médicis à San Giorgio Maggiore, de l’Université Paolina, institut de médecine et philosophie, et enfin la bibliothèque de Saint-Marc.
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D’autres bibliothèques privées présentes en ville étaient celle du Cardinal Bessarion, qui consistait en 482 manuscrits grecs et 246 latins et qui fut offerte en don à Venise en mai 1468, et aussi celles de Francesco et Ermolao Barbaro, de Cosme de Médicis à San Giorgio Maggiore, de l’Université Paolina, institut de médecine et philosophie, et enfin la bibliothèque de Saint-Marc.
Les hommes de culture, grâce au bon fonctionnement de l"état vénitien, avaient eu l’occasion de vivre sans connaître l’angoisse du temps, ni la violence du pouvoir. Les Vénitiens avaient créé au fond d’eux une conviction selon laquelle la Sérénissime avait toujours existé et qu’elle serait éternelle.
Cette ‘paix sociale’ avait permis et encouragé les artistes à s’exprimer et à rechercher dans toutes les disciplines, surtout philosophiques et religieuses, qui étaient, au contraire, poursuivies ailleurs.
Cependant, au début du XVI siècle, les choses commencèrent à changer, sûrement à cause des tensions que l’Eglise de Rome alimentait au sein des familles gérantes du pouvoir, mais aussi à cause des défaites militaires que Venise subit dans la mer Adriatique et dans l’Egée.
Le climat engendré par la contre-réforme et les nombreux procès entamés contre ceux qui étaient accusés d’être à faveur du Luthéranisme mortifièrent d’un coup les aspirations, les recherches et l’ouverture des artistes et des intellectuels.
La liberté de presse subit une attaque qui était impensable jusque-là. Marin Sanudo, dans son journal Diari (1496-1533) , note que le vicaire du Patriarche demanda au Conseil du Sénat, le 25 août 1520, de condamner l’œuvre de Martin Luther et d’interdire donc sa publication.
Malgré ça les textes circulaient de toute façon sous le pseudonyme de Lambertus da Nigroponte . Le premier catéchisme luthérien fut publié en 1525 par Zopino.
Les libraires vénitiens répondirent, à ce qu’ils percevaient comme une forte censure et qui les empêchait de travailler, avec l’organisation d’un réseau d’importation clandestine des publications bannies. À cause de cela certains libraires furent arrêtés, et la Corporation se fit charge de leurs familles.
En 1527 les volumes de Luther et ses disciples furent brûlés au Campo de San Giacometto, au Rialto.Les Juifs aussi assistèrent à l’incendie de leurs livres, y compris le Talmud, à la place Saint-Marc en 1533.
Aldo Manuce et sa marque
Aldo Manuce ne fut pas seulement un typographe, mais un vrai éditeur , et tel il faut le considérer pour son érudition, sa compétence et son excellent travail.
Le siège de sa typographie se trouvait près de campo Sant’Agostin, précisément au n.2343 de la calle del Pistor; ensuite, en 1508, elle fut transférée auprès de la calle San Paterniano, aux alentours de Campo Manin. De caractère un peu brusque et expéditif, Aldo Manuce n’aimait pas perdre du temps et pour cela il avait mis à l’entrée de son activité une pancarte parmi laquelle il décourageait ceux qui allaient lui faire perdre du temps .
En tant que typographe, il avait publié en 1499, pour l’éditeur de Vérone Leonardo Crasso (qui était à l’époque le protonotaire apostolique), le volume Hypnerotomachia Poliphili (Le Songe de Poliphile). Sa renommée augmenta après cela, et spécialement grâce aux caractères d’impression qu’il avait inventé, en collaborant avec le philosophe Frère Luca Pacioli et du graveur bolognais Francesco Griffo.
Ses livres atteignirent un niveau prestigieux et eurent de nombreuses reconnaissances en Europe , et, au même temps, ils furent imités et contrefaits par d’autres éditeurs, surtout florentins et lyonnais.
Pour cette raison, il pensa écrire une admonestation à l’intérieur du volume des Carmina d’Horace, publié en mai 1501: « Iussu, mandatove Illustrissimi P (opuli) S (enatus) Q (ue) V (eneti). Nobilis. Literator. Plebeie. Impressor. Mercator : Mercenarie quisquis es. Id genus Characteres ne attingito … » (Avec l’autorisation de l’Illustre Peuple et Sénat Venet. Noble lettré, homme du peuple, imprimeur, marchand, mercenaire, quiconque sois-tu. Tu n’utiliseras pas ces caractères…).
Et encore dans le volume des Épigrammes de Martial, publié dans la même année, il écrit: « Quisquis es qui quoquomodo huiusce excusionis ergo adversus ieris, damnatus esto et reus Ill. S. V. Ne dicas tibi non praedictum ave » (Quiconque sois-tu, sache que si tu iras contre le décret émis à propos de ce caractère, tu seras jugé coupable par l’Illustre Sénat Venet. Attention, car je t’ai averti).
Aldo Manuce sentait qu’il avait une grande responsabilité et donc il chercha la collaboration des plus grands humanistes d’Italie, qui l’aidèrent non seulement dans les traductions et la correction des épreuves, mais qui furent des vrais rédacteurs et experts éditoriaux. L’ambiance de sa typographie devint, en peu de temps, celle d’un vrai cercle littéraire.Le choix du papier même fut un élément d’importance. Le papier de Fabriano, la meilleure sur le marché, en format 32x42, était versatile : elle pouvait être plié en deux pour obtenir le folio (32x21 cm), puis en quatre (IV – 16x21 cm) ou en trois (VIII – 10,5x16 cm).
Aldo Manuce, au début du XVI siècle, avait découvert le format VIII et l’utilisa avec du grand succès. Pratiquement il avait inventé le ‘livre de poche’.
Avec le temps, Aldo Manuce fonda, au mois de mai du 1502, une académie, la Neacademia dei Filelleni, ou Aldina. Telle était sa passion pour la langue grecque qu’il fallait parler en grec ancien, peine une amende qui était utilisée à la suite pour offrir un banquet aux membres de l’académie même.
Manuce eut des rapports de collaboration et amitié avec les plus grands génies de l’époque : pour en dire quelques-uns, Politien, Gerolamo Donà, Érasme de Rotterdam, Jean Pic de la Mirandole, Alberto Pio di Carpi, Pietro Bembo, Giovanni Lascaris, Giovanni Giocondo de Vérone, Élie Del Medigo, Francesco Colonna.
Manuce fut un éditeur prolifique : il publia l’œuvre intégrale d’Aristote, une partie de celle de Platon traduite par Marsile Ficin, les œuvres d’Aristophane, Théocrite, Isocrate, Homère, Euripide. Parmi les auteurs italiens, il ne faut pas oublier Dante Alighieri, Pétrarque, Pietro Bembo, Politien, Sainte-Catherine de Sienne.
Pour sa capacité, son intelligence et son art, le 14 novembre 1502 Aldo reçut par le Sénat, une initiative parrainé par Marin Sanudo le Jeune (1466-1536), le privilège d’être imprimeur officiel de la République. Dans le décret Aldo est décrit comme un homme « doué de vertu et érudition singulières…» et on lui reconnaît le mérite d’avoir publié « …de nombreux textes grecs et latins avec les plus haut soins et diligence, en utilisant les caractères des deux langues, ce qui a suscité l’admiration de tous les savants... ».
Pour sa capacité, son intelligence et son art, le 14 novembre 1502 Aldo reçut par le Sénat, une initiative parrainé par Marin Sanudo le Jeune (1466-1536), le privilège d’être imprimeur officiel de la République. Dans le décret Aldo est décrit comme un homme « doué de vertu et érudition singulières…» et on lui reconnaît le mérite d’avoir publié « …de nombreux textes grecs et latins avec les plus haut soins et diligence, en utilisant les caractères des deux langues, ce qui a suscité l’admiration de tous les savants... ».
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