La vie artisanale à Venise était organisée avec le système des
Corporations de métier (les “arts”), reconnues juridiquement par l’Etat dès le début du XIII° siècle
(le “Capitulaire” le plus ancien rédigé par écrit a été celui des sartori, les tailleurs, du 10 février 1219). Au XVI° siècle, il ex Sérénissime, il y en avait plus de 150. L’Etat les contrôlait à l’aide de magistratures spéciales- comme par exemple la Giustizia Vecchia – pour éviter qu’elles puissent aspirer à un pouvoir politique réel ou à la moindre participation au gouvernement, comme à Florence.
Les Corporations étaient en même temps protégées pour que le “consensus populaire” et la fonction populaire de réunion si importants pour la bonne gestion de la République restent forts.
L’organisation interne et les rapports avec l’Etat et avec le monde extérieur étaient réglementés par les normes contenues dans le “Capitulaire” et à la tête de chaque corporation il y avait un gastaldo
, choisi parmi les artisans les plus capables et les plus expérimentés, assisté, dans ses tâches, par d’autres figues comme le
Massaro, ou trésorier, les tansadori pour la répartition des impôts, les sindici pour la révision des comptes, un scrivano ou secrétaire. On accédait aux corporations soit par filiation soit après une période d’apprentissage , comme garçon, puis comme apprenti, pendant une période qui variait de 7 à 10 ans ; le travailleur devait ensuite passer un examen pratique pour montrer qu’il avait bien appris son métier et accéder ainsi à la qualification de
contremaître et être inscrit à la corporation de plein droit. Les catecumeni (convertis) et les orphelins de l’Istituto della Pietà pouvaient y accéder librement, alors que d’autres corporations étaient réservées exclusivement aux Vénitiens et/ou aux sujets vénitiens.
Les membres de la Corporation, souvent différenciés entre les différentes spécialisations internes, appelées à Venise colonnelli, avaient en outre des obligations morales et matérielles précises, car ils devaient assister leurs collègues handicapés, les vieux, les veuves et les orphelins, et avaient aussi des obligations de dévotion à l’occasion de la fête du Patron et pour la commémoration des défunts.
A côté des corporations juridiquement reconnues gravitait un autre système de travail, souvent saisonnier, occasionnel presque à la limite de la légalité, varié et imaginatif comme nous pouvons le voir sur les aquarelles de Giovanni Grevembroch et sur les gravures de Gaetano Zompini
.
Lors des grandes fêtes publiques, les corporations jouaient un rôle particulier, comme à l’occasion du
jeudi gras , dans les grandes processions du doge –par exemple le la Fête-Dieu- et notamment pendant la fête de l’Ascension (
la Sensa) quand sur la Place Saint-Marc étaient installées de petites boutiques pour exposer et vendre les produits manufacturés les plus prisés et les plus caractéristiques de Venise.
Michela Dal Borgo