En 810 le
Doge Angelo Partecipazio a déplacé le siège du gouvernement de l’île de Malamocco dans la zone de Rialto. Le choix de faire construire le palatium duci (ou palais du doge), un palais forteresse détruit ensuite par une série d’incendies remonte au début du IX° siècle, quand Venise était en train de devenir une ville.
Les travaux qui ont permis de donner au Palais ducal l’aspect qu’il a aujourd’hui ont commencé aux environs de 1340 sous le règne du doge Bartolomeo Gradenigo. Parmi les premiers créateurs, on peut rappeler l’architecte Pietro Basejo et le peintre padouan
Guariento. Les architectes, rompant avec la tradition, ont construit les façades en marbre rose de Vérone sur des arcades en pierre d’Istrie, avec un portique soutenu par des colonnes.
Chef-d’œuvre de l’art
gothique, le Palais des Doges est formé de trois grands bâtiments qui ont englobé et unifié de précédentes constructions: l’aile vers le Bacino de Saint-Marc (qui contient la salle du Grand Conseil et qui est le siège du gouvernement), reconstruite à partir de 1340; l’aile vers la Place (ex Palais de Justice) avec la Sala dello Scrutinio, dont la réalisation a commencé à partir de 1424 ; de l’autre côté, l’aile, époque Renaissance, avec la résidence du doge et de nombreux bureaux du gouvernement, reconstruite entre 1483 et 1565.
Un terrible incendie en 1574, à l’intérieur du palais, a détruit tout le riche patrimoine pictural qui s’y était accumulé. Le prestige de l’édifice a été tel qu’il a influencé toute l’architecture de la ville de Venise : l’entrelacs géométrique des fenêtrages d’origine arabo-musulmane a fini par se fondre avec les lignes traditionnelles locales, donnant naissance aux façades des palais qui aujourd’hui encore se reflètent sur le Grand Canal.
La fonction primaire du Palais des Doges comme symbole et noyau de la vie politique et administrative s’est achevée en 1797, année de la chute de la République vénitienne. Aujourd’hui on peut le visiter en tant que Musée du Palais des Doges.