La complexité de la sauvegarde

Les Vénitiens ont toujours dû être conscients de la relation complexe homme- environnement. C’est pour cela qu’ils ont toujours géré très attentivement les eaux salées de la mer et les eaux emmenées par les fleuves, dans l’équilibre délicat de leur lagune.

Ils ont appris, de leur pragmatisme, que si l’on envisage d’intervenir sur l’écosystème, il faut expérimenter, procéder par étapes et être capable de rétablir la situation précédente. D’autant plus que, bien que les technologies très puissantes dont nous disposons aujourd’hui peuvent causer des dommages énormes et irréversibles, elles sont capables de résoudre, en très peu de temps, des problèmes qui étaient insurmontables il y a quelques décennies.

Après l’événement dramatique de 1966, un vaste plan d’interventions , programmé sur 140 ans, a été mis en place afin de retrouver l’environnement initial. Nous pouvons ainsi affirmer qu’aujourd’hui Venise ne se présente plus démunie et qu’elle pourrait beaucoup mieux faire face à d’éventuelles situations d’urgence analogues.

Les défenses de la lagune du bord de mer et de la lagune, les murailles, les môles forains, et les bords des îles mineures, ont été renforcés. En ville on a déplacé par sécurité, les centrales de gaz, d’eau, d’électricité, de téléphone, de fibres optiques. Presque tous les logements du rez-de- chaussée, susceptibles d’être touchés par la marée haute, ont été supprimés. Enfin, le mazout n’est plus utilisé comme carburant de chauffage.

En outre, on est en train d’exécuter un travail d’entretien complexe, nommé Projet Intégré RII, pour toutes les installations lagunaires.

Il comprend le creusement des canaux, la mise aux normes des évacuations, la consolidation des fondations des bâtiments donnant sur le «rio», la consolidation des rives et des ponts, la rationalisation des services tels que l’électricité, l’eau, le gaz, le téléphone et les fibres optiques, et enfin la surélévation du niveau des rues.

Rudj Maria Todaro

Municipalité de Venise
Responsable du Système d’Entretien Urbain
Nous pouvons voir ici la situation actuelle du pavage et identifier en rouge les zones inondables par des marées supérieures à 120 cm. D’ici 2010, on prévoit de surhausser le pavage dans les zones ici montrées et en 30 ans, le but du Projet intégré RII sera celui de porter tout le pavage à une hauteur de 120. Les chiffres nous disent que les marées supérieures à plus de 120 n’arrivent qu’une fois chaque année et demie et, en-tout-cas, la courbe atteint son maximum en 2 heures 20 minutes.

Mario Scatolin

Municipalité de Venise
Biologiste, Technicien Responsable Zone de Protection de l’Eau
L’assainissement de la ville de Venise a commencé en 1990. Les mesures prises ont été adaptées au fur et à mesure des nouvelles dispositions législatives, et en particulier à celles de la loi 206 de1995. A partir de cette date, la Commune chargée de l’assainissement a réalisé environ 6.000 installations dans le centre historique. Ces installations sont représentés par des points sur la carte. Ces installations sont différentes selon les nécessités. L’une d’elles est la fosse septique classique, à trois compartiments, que l’on utilise généralement pour de petits immeubles comportant un nombre d’habitants inférieurs à 100, et en tous les cas inférieurs à un équivalent de 100 personnes. Ensuite, nous avons des installations plus complexes pour des établissements hôteliers et de grands immeubles civils, tel que l’Hôpital Civil SS Giovanni e Paolo. Il s’agit d’installations qui sont plus efficaces. Dans certains cas, elles ont permis de ne plus évacuer de grandes quantités d’eaux usées dans les canaux du centre ville, ce qui a permis de les assainir au moment des excavations. La troisième intervention est constituée par la création de bassins de protection des logements civils contre la montée des eaux.

Alessandro Perilli

Municipalité de Venise
Technicien Responsable de la Contribution au Patrimoine Immobilier Privé
Les bâtiments de Venise, situés au rez-de-chaussée, sont protégés contre la montée des eaux par des bassins. Les évacuations sont dotées de vannes qui se ferment au moment où la marée monte et empêchent l’eau d’entrer dans les appartements ou dans les magasins. Pour former un bassin de protection contre les marées hautes, il faut démolir le sol et le hourdis puis installer un vide sanitaire en gravier de 30 cm. Ensuite, il faut mettre un résille soudé et le fixer aux parois, puis mettre une couche de béton maigre, de bentonite, et de géotextile. Enfin, on reconstruit le pavage.

Grace à ce système, au cours des 10 dernières années, on a restauré plus de 200 établissements situés au rez-de-chaussée.

Coût total : plus de 5 millions d’Euros