Aux IX° et X° siècles, s’est ouverte une longue parenthèse de consolidation et de révision des charges. De nombreux mécontentements et certains épisodes particulièrement dramatiques, concernant la convoitise du pouvoir de certains doges, ont poussé à décentraliser la gestion de la chose publique, liant le pouvoir du doge à de nouveaux organes institutionnels.
C’est pendant cette période qu’a été étouffée une révolte populaire contre le doge pendant laquelle a été incendié le Palais des Doges et qu’ont continué à être interdits l’achat et le transport des esclaves.
En 991, Pietro II Orseolo a été élu Doge: il a été le grand artisan des victoires sur les pirates Narentins, le 18 mai 999, et sur les Sarrasins qui ont assiégé la ville byzantine de Bari en 1002-1003. Ces triomphes ont amené Pietro II à prendre le titre de “Dux Veneticorum et Dalmaticorum”, et les navires vénitiens ont pu de nouveau parcourir en paix l’Adriatique et Venise a pu avoir une indépendance relative par rapport à
Byzance, même si elle était contrôlée par un accord tacite de fidélité.
Aujourd’hui encore, dix siècles après, pour commémorer la victoire sur les Dalmates, Venise chaque année célèbre la cérémonie suggestive du “Sposalizio col mare" (Epousailles avec la mer)” .
Pendant le règne du doge Pietro II s’était développée l’idée de refuser l’adhésion aux modèles rigides de la société féodale, qui divisait les sujets de façon très rudimentaire entre ceux qui priaient, ceux qui travaillaient ou ceux qui combattaient.
A Venise, et peut-être pour la première fois en Europe, on a commencé à s’opposer au concept selon lequel la dignité d’un aristocrate ne pouvait se mesurer que sur la base du
blason et de la propriété foncière, parvenant à donner au contraire une valeur noble, et donc positive, à l’utilisation et au maniement de l’argent, renforçant ainsi la classe marchande vénitienne, déjà puissante .
En politique étrangère on a dû contrecarrer l’activité de bateaux corsaires dalmates dans l’Adriatique et à la demande de Byzance, la présence
sarrasine dans le Sud de l’Italie; ces situations rendaient peu sûr le commerce vers l’Orient, source de richesse et, surtout à la suite de l’édit de la
Bulle d’Or de privilèges particuliers pour les commerçants vénitiens.